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"Nathalie Loiseau et Marlène Schiappa se sont arrogé le droit de reprendre notre principe de Clause de l'Européenne la plus favorisée"


Ce matin, dans le JDD, l'association "Choisir la cause des femmes" présidée par Gisèle Halimi répond au projet de Nathalie Loiseau et Marlène Schiappa de "Pacte Simone Veil" qui s'arroge le projet de Clause de l'Européenne la plus favorisée en le dénaturant, ce que nous déplorons.

 

Nous avions déjà relevé sur ce site comment le Président Macron -sans citer Gisèle Halimi, puis en concédant, le 8 mars 2019, son apport aux droits des femmes en Europe  (bien le moins)- avait souhaité reprendre la Clause de l'Européenne la plus favorisée pour le mettre au centre de sa présidence du G7. Nous étions extrêmement réservées sur son idée d'en faire un mécanisme mondial, partiel et non-contraignant alors que notre projet, européen, est aussi global et contraignant.

 

Nous reproduisons ici l'intégralité de la réponse que nous avons co-écrite avec Gisèle Halimi et Choisir la cause des femmes, en réponse à cette nouvelle tentative de détournement et réappropriation abusive de notre travail.

 

Violaine Lucas et Maria Cornaz-Bassoli

 

" POUR UNE CLAUSE DE L’EUROPENNE LA PLUS FAVORISEE

 

 

 

Le projet de Clause de l’européenne la plus favorisée que nous portons depuis près de quinze ans est au cœur des débats de ces élections européennes, et nous ne pouvons que nous en réjouir, après la puissante vague de libération de la parole des femmes déclenchée par "#Metoo".

 

Plusieurs partis politiques on inscrit la Clause dans leur programme, de l'extrême gauche à la droite, et notamment la liste de La République en marche. Sa cheffe de file, Nathalie Loiseau, et la Secrétaire d'Etat aux droits des femmes, Marlène Schiappa, se sont même -par effraction- arrogé le droit de reprendre le principe en le nommant "Pacte Simone Veil".

 

Face à la multiplicité de ces reprises, il nous semble nécessaire de rétablir ce qu’est fondamentalement notre projet et les valeurs qu’il porte. A l’origine du projet de Choisir, en 1979, il y avait la volonté de défendre les femmes les plus vulnérables de notre société - femmes sans emploi, travailleuses pauvres, porteuses de handicap, victimes du racisme, victimes de violences, migrantes – et les personnes LGBTI. A cette défense sociale et humaine des femmes, s’ajoutait, parce que ce n'était pas encore le cas en France, l'abolition de la peine de mort et la nécessité de lutter pour la protection de l’environnement et un monde durable.

 

Aujourd’hui - à l'exception de l'abolition de la peine de mort qui est une condition sine qua non de l'adhésion à l'Europe - toutes ces questions sont d'une actualité brûlante.

 

C’est pour remédier à une double inégalité, entre les femmes et les hommes, et entre les européennes elles-mêmes, que nous avons conçu la Clause de l’européenne la plus favorisée. L’idée est simple : offrir le meilleur de l’Europe en harmonisant par le haut les droits des femmes. Pour construire notre projet, nous avons « visité » les législations des 28 pays de l’Union dans cinq domaines qui couvrent la vie d’une femme : choisir de donner la vie (éducation sexuelle, contraception, avortement), la famille (mariage, divorce), le travail (égalité professionnelle et salariale, retraites, etc), les violences faites aux femmes, et la représentation en politique.  Nous avons comparé les lois existantes et nous avons « cueilli » celles qui apparaissaient en net progrès par rapport au reste de l’Europe. Ces meilleures lois, rassemblées en ce que nous avons appelé un « bouquet législatif », nous voulons qu’elles bénéficient à toutes les européennes.

 

Peut-on encore accepter qu’en Europe, en 2019, toutes les femmes n’aient pas accès à l’avortement, au péril de leur santé et parfois de leur vie ?  Peut-on tolérer qu’en Europe une femme sur trois soit victime de violence physique ou sexuelle ? Doit-on accepter comme une fatalité que les travailleurs pauvres -qui sont surtout des travailleuses pauvres- soient abandonné.e.s à la misère ? A toutes ces questions, nous répondons non. Au contraire il faut revendiquer le meilleur pour toutes les européennes et les européens. A titre d’exemple, si l’Espagne s’est dotée d’un congé paternité de 8 semaines rémunéré à 100% -qui permettra au père de s'impliquer dans le soin et l'accueil du nouveau-né à égalité avec la mère- les autres Etats membres peuvent le faire aussi. La France, à ce titre, devrait être exemplaire et appuyer sans relâche, au niveau européen, les mesures de progrès pour les femmes. Cela n’a malheureusement pas été le cas lorsqu’elle s’est opposée à l’adoption d’un congé parental dignement rémunéré en janvier 2019, et nous ne pouvons que le déplorer. Pourtant, dès qu'une loi bénéficie à l'émancipation des femmes, elle bénéficie à l'ensemble de la société.

 

Cette harmonisation par le haut que nous appelons de nos vœux est non seulement un puissant levier de progrès pour les femmes mais également une protection face aux politiques d’austérité qui les affectent majoritairement. C’est un projet global et contraignant, qui unit les femmes aux femmes et donne tout son sens à la citoyenneté européenne. Visionnaire, il est aussi, comme le pressentait Choisir en 1979, la clef pour un monde durable. Mais notre Clause est par-dessus tout un puissant symbole de ce que devrait être l’Europe : le meilleur de nous-même. Aujourd’hui, une chose est sûre, l’Europe ne se fera pas sans les femmes, mais de l’avenir des femmes peut naître celui de l’Europe. 

 

 

 

Choisir la Cause des femmes

 

Présidé par Gisèle Halimi

 

Le travail de Choisir est actualisé sur le site yeswomen.eu

 

Lien vers l'article dans le JDD: https://www.lejdd.fr/Societe/pour-une-clause-de-leuropeenne-la-plus-favorisee-lassociation-de-gisele-halimi-reagit-au-pacte-simone-veil-3898023