Années 70 : Lutte pour le droit de choisir de donner la vie


Mobilisation autour de la répression de l’avortement

 

En avril 1971, des femmes décident, par une action spectaculaire, de dénoncer la répression de l’avortement. Leurs revendications prennent la forme d’un manifeste, publié dans le Nouvel Observateur le 5 avril sous le titre : « Un appel de 343 femmes », communément rebaptisé « Le Manifeste des 343 Salopes ».

 

Ce texte entre dans l’histoire en recueillant les signatures de femmes parmi les plus célèbres mais également d’anonymes. Toutes reconnaissent publiquement avoir eu recours clandestinement à l’avortement. Cet aveu constitue un acte de défiance vis à vis du pouvoir à l’heure même où l’avortement est considéré comme un délit (application de la loi de 1920). De même, les signataires réclament l’accès libre à la contraception et à l’avortement. Gisèle Halimi, avocate et militante féministez, est l’une des « propagandistes » du texte. Elle propose à ses co-signataires de faire bloc si l’une d’entre elles est poursuivie : « on ne touchera à personne sans nous inculper toutes… Nous allons créer une association qui prendra en charge votre défense et les 343 seront dans chacune des actions qui seront menées contre l’une d’entre vous ».

 

Le mouvement Choisir la cause des femmes est ainsi créé spontanément, en juillet 1971, par des personnalités comme Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir (Philosophe, écrivaine et première Présidente de l’association), Jean Rostand (Académicien), Christiane Rochefort (Romancière), Jacques Monod (Prix Nobel de médecine). Il poursuit dès lors 3 objectifs :

 

  • l’éducation sexuelle et la contraception ;
  • l’abrogation de la loi répressive de 1920 ;
  • la défense gratuite des femmes poursuivies pour avortement.

 

 

 

Procès de Bobigny

 

Dans ce contexte particulier, Choisir prend en charge le retentissant procès de Bobigny en 1972. Une jeune fille de 16 ans, Marie-Claire C… s’est fait avorter avec la complicité de sa mère ; celle-ci, défendue par Gisèle Halimi, est jugée en compagnie de trois autres femmes. A la barre se succèdent nombre de personnalités scientifiques et littéraires (Michel Rocard, Françoise Fabian, Simone de Beauvoir, Professeur Paul Milliez, etc.) cités par la défense pour dénoncer ce « procès d’un autre âge ». Il apparaît que dans les faits la loi ne touche que les pauvres : chaque année, des milliers de femmes, majoritairement mal informées au sujet de la contraception, ont recours à des avortements clandestins. Ceci, au péril de leur vie ou au risque de mutilations irréversibles.

 

En quelques semaines, l’affaire de Bobigny crée un mouvement d’opinion irréversible qui aboutira à la révision de la loi de 1920. Les prévenues sont condamnées à des peines avec sursis… La jeune fille, défendue à huis clos par son avocate Gisèle Halimi, avait auparavant obtenu la relaxe.

 

Dès 1974, les objectifs du mouvement choisir s’étendent au statut général de la femme dans la société : lutte contre le viol (procès d’Aix en Provence en 1978 où le viol reçoit la qualification de « crime »), les violences physiques et morales et les schémas culturels sexistes ; lutte pour l’égalité professionnelle, pour une égale représentation des femmes dans la vie publique, etc.

 

En 1975, la loi Veil autorise les interruptions volontaires de grossesse pour une période de 5 ans. Choisir préside une commission de travail chargée de contrôler l’application de la loi.

 

En 2006, un excellent téléfilm intitulé « Le procès de Bobigny » est sorti sur les écrans de télévision.Réalisé par François Luciani, il relate au plus prés de la vérité le déroulement de ce fameux procès qui  aboutira en 1975 à la loi Veil autorisant l’interruption volontaire de grossesse.Des actrices prestigieuses, Anouk Grinberg dans le rôle de Gisèle Halimi et Sandrine Bonnaire dans celui de Martine, la mère, ont apporté tout leur talent au travail de François Luciani pour en faire une vrai réussite. (Il est programmé régulièrement sur les diverses chaînes de télévision.)

 

 

 

Entrée en politique

 

En 1978, à la veille des élections législatives, Choisir rédige « le Programme commun des femmes ». Dans ce document sont présentés et analysés les différents types de discrimination envers les femmes et les différentes manières d’y remédier. L’association présente alors ses listes « Cent femmes pour les femmes » aux élections législatives de mars 1978, en dehors de tous les partis politiques.

 

 

Féminisme et Culture

 

En 1977-1978, Choisir réalise deux expositions à Paris, au Centre Georges Pompidou, et fait ainsi entrer, pour la première fois, le féminisme dans un lieu culturel officiel.

 

En octobre 1979, l’association organise un colloque international à l’UNESCO sur le thème : « Choisir de donner la vie. Pouvoir prévoir, vouloir, ou refuser la vie d’un enfant. »