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Gisèle Halimi à Saint-Nazaire : récit et hommage


« Nous retenons de cette expérience unique auprès de Gisèle Halimi que rien ne se fait de grand sans un travail acharné et sans sororité. »

Violaine Lucas raconte dans la Revue Place publique Nantes-Saint-Nazaire #76, sa rencontre avec Gisèle Halimi à Saint-Nazaire où elle était venue à l’invitation de lycéennes de sciences médico-sociales.

Elle y parle aussi de l'« intrusion » de Gisèle Halimi
dans son enfance via la télévision et l’image célèbre du procès de Bobigny. Mais aussi de « Une minute pour les femmes » ou encore du film « Elise ou la vraie vie » qui dans les années 70 et 80 faisaient connaître, par le média dominant de l’époque : la télévision, les combats pour les droits des femmes et attiraient notre attention sur les suites de la décolonisation.

Son engagement auprès de Gisèle trouve précisément ses origines dans le contexte de cette France de la décolonisation et des luttes des femmes des années 70 : même refus de la domination masculine et de la domination coloniale.

Extraits :

"En 2003, Gisèle Halimi est venue à Saint-Nazaire. Elle répondait à l'invitation de mes élèves de 1ères sciences médico-sociales qui souhaitaient connaître l'histoire du combat pour la légalisation de l'avortement.

Mais, ma première rencontre avec Gisèle Halimi remonte, en réalité, à bien avant 2003.  Je suis enfant et je vois à la télévision une image qui me subjugue parce que je ne la comprends pas. Sur une photo, une femme en robe d'avocat -je n'en ai jamais vu avant- tient par l'épaule une autre femme le visage baissé et caché sous une main, comme pour le dérober aux objectifs des journalistes qui les entourent, dans une agitation et une tension que l'on devine. Je demande qui est celle qui avance la tête haute ? Qui est celle qui, au contraire, dissimule son visage ?  Quel lien unit ces deux femmes, comme deux face de Janus, la figure mythologique des commencements et des fins, du passage des portes et des choix ? Je ne comprends pas cette scène, ce qui se passe, ni le contexte dans lequel nous sommes. Je n'obtiens pas de réponse précise de mes parents : on m'explique vaguement que l'une a défendu l'autre dans un procès, quelques années auparavant, et qu'elles ont gagné. Je pense qu'on ne voulait pas m'expliquer, je devais avoir 10 ans, ce qu'avait été le procès de Bobigny en 1972 et donc ce que sont l'avortement, sa pénalisation et sa légalisation.

(...)

Nous avons ses livres, ses victoires et ce qu'elle nous a appris : le courage, l'opposition, l'audace, la liberté, l'insolence, le travail. C'est forte de tout cela, que nous allons continuer "Choisir", nous ses "filles", comme elle aimait nous appeler, nous qui avons tant appris d'elle, Gisèle Halimi, grâce à qui nous n'avons plus peur d'avancer en regardant la vie en face."

 

L'article est à retrouver dans la revue : http://www.revue-placepublique.fr/