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Sororité avec les polonais.es pour revendiquer le droit à l'avortement !


Le témoignage de Laurent Limousin, Français qui vit et travaille en Pologne depuis 20 ans est édifiant. Au quotidien, des campagnes anti-avortement font défiler en toute impunité dans les rues de Varsovie et dans d'autres grandes villes, des camionnettes affichant des images géantes de foetus mis en scène parmi des débris au côté de photos des féministes qui défendent la légalisation de l'avortement. De quoi traumatiser les esprits et conditionner les citoyens.nes contre les féministes.

Malgré cette propagande monstrueuse, des milliers de personnes se sont rassemblées lors de la manifestation géante de samedi dernier, 28 novembre 2020, pour demander que le droit des femmes à choisir le moment de donner la vie leur soit acquis. Officiellement seulement 1116 avortements légaux ont lieu en Pologne en 2019 soit 35 de plus qu'en 2018. Mais en réalité, 200 000 avortements auraient lieu chaque année de façon clandestine mettant en jeu la vie et la santé des femmes.

 

Depuis de longues années, plusieurs avocates comme Monika Gasiorowska ou Agata Byzdn défendent les femmes qui ont fait le choix d'avorter et rejoignent ainsi des associations et des députées qui, sur le terrain, tentent de faire entendre raison au pouvoir en place et à une population qui, hélas, n'est pas complètement acquise à cette cause (22 % seulement de la population est favorable à un avortement à la demande des femmes, 62 % dans certains cas particuliers et 11 % veulent l'interdire complètement). Pourtant comme le note Agata Byzdn, on sent un profond changement de mentalité chez les plus jeunes.

 

Samedi dernier, la manifestation s'est terminée par des violences et des arrestations de femmes, d’hommes et d’adolescent.es qui ont donné lieu à des scènes très violentes comme celle où cette "Grand-mère polonaise" (nom d'une association féministe) est interpellée violemment par la police (sur cette image de la presse polonaise) ou la députée Barbara Nowacka agressée par un jet de gaz lacrymogène en plein visage par un policier. Comme le raconte Laurent Limousin qui y participait, les manifestants ont pu évacuer les lieux en sûreté grâce à la solidarité des varsovien.ne.s qui leur ont permis de s'échapper par leurs porches d’immeubles. "Certain.es se sont blessé.es en escaladant des clôtures pour échapper à cette rafle organisée", précise-t-il. Mais cette tension et ces violences ne sont pas sans conséquences dans un pays où les peines encourues pour insulte à la police et participation à une manifestation illégale peut faire encourir des peines allant jusqu’à 3 ans d’emprisonnement.

La plupart des gens arrêtés a cependant été relâchée mais l’avocate Agata Byzdn alerte sur l’urgence d’une solidarité pour les droits femmes dans l’union européenne. Plus que jamais, notre Clause de l'Européenne la plus favorisée doit être promue pour harmoniser par le haut les droits des femmes dans l’union.

 

(Photo DR)