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L'UE éclipse les femmes : Une anti-choix à la tête du Parlement


Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Ou bien, les jours se suivent et se ressemblent. On ne sait plus quoi dire tant le chaos politique qui règne un peu partout en Europe comme en France semble surtout bénéficier aux forces du conservatisme et du patriarcat. Curieuse succession de ces derniers jours au centre desquels, le ventre des femmes et leur capacité à choisir ou non de donner la vie devient l’otage des batailles politiques et politiciennes. 


Reprenons :
Dimanche 16 janvier, les Femen troublent la « Marche pour la vie » rassemblée pour alerter ses ouailles contre l’allongement du délai de l’IVG qui sera discuté au sénat le mercredi 19 janvier.
Lundi 17 janvier : On «  fête »  les 47 ans de la loi Veil... 
Mardi 18 janvier : Le parlement européen -dont la première présidente élue au suffrage universel direct fut précisément, en 1979, Simone Veil-  élit à sa tête Roberta Metsola. Qui est-elle ? Originaire de Malte, cette femme de 43 ans est membre du PPE (la droite) et -ce n’est pas un détail- elle est «  personnellement »  opposée à l’IVG. Elle s’est même offert le luxe, détaille France 24, de voter contre des résolutions pour l’avortement en Pologne ou au Texas et s’est abstenue lors d’un vote sur une « résolution visant à criminaliser les violences faites aux femmes ». Quant on sait que l’UE n’a pas encore réussi à obtenir de statiques complètement fiables sur les féminicides de la part de tous les pays européens, on se dit qu’appliquer un jour la Clause de l’Européenne la plus favorisée est un rêve complètement dingue.
Mercredi 19 janvier : le Président Macron propose au Parlement européen d'inscrire le droit à l'avortement dans la Charte des droits fondamentaux et met en avant son "Pacte Simone Veil" qui n'est pas l'harmonisation par le haut des droits des femmes dans l'UE comme il le prétend, mais un ersatz à bas coût de la Clause de l'Européenne la plus favorisée, devenue pour l'occasion une harmonisation sans contrainte de vague dispositions sur l'accès à l'éducation pour les pays qui le souhaiteraient...
 
Bilan. La plus jeune présidente de l’Union européenne a promis de ne pas aller contre la volonté du Parlement européen sur l’IVG. Pourquoi : parce qu’elle a été élue avec les suffrages des droites, des Renew (LREM) et des socialistes, et les sociaux démocrates à l’exception des socialistes français et apparentés. Voilà la vie politique à Bruxelles. Voilà aussi où l’on en est en Europe aujourd’hui en 2022 où, en échange d’une promesse souriante et de tractations politiques, on place une militant anti-choix et anti-lutte contre les violences faites aux femmes à la tête d’une union censée incarner l’idéal de paix et d’égalité du continent. 
 
Le symbole réactionnaire est puissant. Alors que disparaissait il y a quelques semaines, victime du covid, Alycia Tysiac -cette femme qui navait obtenu d’aucun médecin polonais une IVG alors que sa 3ème grossesse allait lui faire perdre la vue et pour qui l’avocate polonaise Monika Gasiorowska avait obtenu la condamnation de l’Etat polonais- le symbole pour toutes les européennes, au-delà de la Pologne et de Malte où l’IVG est interdit, est une nouvelle fois déprimant. Tragique. Citoyennes européennes, nous vous montrons que nous mettons à l’honneur une femme qui pense que les femmes ne doivent pas choisir de donner la vie. Et cela se fait avec les alliés du patriarcat que sont les élus des extrême-droites, de la droite et du centre européens, mais aussi des socialistes européens. Fermez le ban. Il va donc falloir, et sans tarder, que nous reprenions le chemin de Bruxelles et le combat ! Avanti !