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Menace sans précédent sur l'IVG aux États-Unis !


Selon le site Politico, qui se fonde sur un avant-projet de décision dont l'authenticité a été confirmée par la Cour Suprême des Etats-Unis, cette dernière serait sur le point d’annuler le célèbre arrêt Roe v. Wade (1973) et par suite, de priver le droit à l’avortement des américaines de sa protection constitutionnelle fédérale.
Selon ce document, l’un des juges conservateurs de la Cour, Samuel Alito, aurait écrit que « Roe » serait « absolument erroné depuis le début » et que le droit à l’avortement ne serait pas « ancré dans l’histoire et les traditions de la nation ». Quatre autres juges conservateurs de la Cour suprême se seraient rangés derrière cet avis.
Si la Cour Suprême, qui statuera avant juillet prochain, devait renverser « Roe », chaque Etat retrouverait, comme avant 1973, la faculté de restreindre ou d’interdire l’avortement et ce, même en cas d'inceste ou de viol ; or, la moitié des Etats américains se déclare prête à imposer des restrictions à l’avortement. En un instant, le droit à l’avortement aux Etats-Unis régresserait d’un demi-siècle, pour longtemps.
Un tel projet semble invraisemblable en France ou en Europe. Pourtant, il convient de rester vigilant.e.s car les droits des femmes, acquis de hautes luttes, peuvent être remis en cause – et ils le sont fréquemment – dès lors qu’une crise économique, sociale, humanitaire survient.
La guerre en Ukraine, qui a conduit des millions de femmes ukrainiennes à devoir se réfugier en Pologne, en est la démonstration la plus récente : celles qui, torturées et violées par des soldats de l’armée russe, ont demandé la protection de cet Etat voisin, se heurtent à la législation la plus restrictive d’Europe en matière d’interruption volontaire de grossesse. En Pologne, en effet, l’avortement est interdit pour les femmes, sauf, en principe, pour les grossesses résultant d’actes illégaux (viol, inceste) ou en cas de risque pour la santé ou la vie de la femme enceinte. Cependant, en pratique, les tribunaux rendent l’accès à l’avortement extrêmement difficile pour les femmes polonaises et impossible, en réalité, pour les femmes réfugiées ukrainiennes, ajoutant ainsi l’inhumanité à l’atrocité.
A cet égard, Choisir reste attentive aux positions qui seront prochainement prises par les juridictions polonaises à l’encontre des réseaux féministes cherchant à aider les femmes ukrainiennes à avorter, en leur fournissant, notamment, des pilules abortives.

 

Note : en solidarité avec les femmes polonaises, Choisir avait, en février 2021, animé un webinaire « Avortement : urgence Pologne », en collaboration avec des intervenants de terrain, dont le replay est à retrouver sur notre chaîne Youtube.

 

Manon Kerivel

 

(Montage photo Violaine Lucas, 2022)