La plaidoirie de Bobigny doit être retirée du spectacle "Plaidoiries"


Communiqué de presse de Choisir la cause des femmes


Demande de retrait de la plaidoirie du Procès de Bobigny dans la pièce Plaidoiries de Matthieu Aron, mise en scène par Eric Théobald et interprétée par Richard Berry.

L’association Choisir la cause des femmes, fondée par Gisele Halimi, a demandé aux Éditions Gallimard, son éditeur, d’interpeller la SACD pour qu’elle agisse auprès de Matthieu Aron et JMD Production, aux fins d’interdiction de l’utilisation, dans la pièce “Plaidoiries”, de l’extrait de la plaidoirie prononcée par Gisèle Halimi lors du Procès de Bobigny et issue de l’oeuvre éponyme dont Choisir la cause des femmes est l’auteure.

Il y a lieu de rappeler en effet que Coline Berry a déposé plainte contre son père le 21 janvier 2021 à Paris pour des faits d’inceste et de viols sur mineure commis par un ascendant. Une enquête préliminaire est toujours en cours, et pourtant une condamnation scandaleuse et d’un autre âge pour diffamation a déjà été prononcée à l’encontre de Coline Berry nous amenant à agir aujourd’hui. Celle-ci a tout notre soutien dans sa démarche courageuse.

Dans ce contexte, il est exclu pour Choisir, soutenue, du reste, par des ayants-droits de Gisèle Halimi, d’accepter et/ou de cautionner d’une quelconque manière l’utilisation - au surplus sans autorisation légale - par Richard Berry de ce texte fondamentalement féministe, prononcé par une femme lors d’un procès historique pour la dignité de toutes les femmes.

Les violences intra-familiales sont insupportables et ont des conséquences dramatiques dans notre société. L’inceste, en particulier, inscrit la domination au sein des familles, dès l’enfance, en permettant que s’organise un phénomène de terreur des incesteurs sur la structure familiale et sociale. Terrorisés et fragilisés, les enfants victimes sont en majorité des filles à 77%, et les agresseurs, en majorité des hommes à 97 %. Le trauma et le conflit de loyauté dans lesquels l’inceste place les victimes a un effet dévastateur sur leur vie psychique mais aussi physique tout au long de leur existence sacrifiée (comportements addictifs, anorexie, angoisse, dépressions, conduites suicidaires, impossibilté de construire une vie affective pérenne…).

C’est dans ce silence et cette terreur, avec la complicité de toutes celles et tous ceux qui savent mais ne parlent pas, que les schémas de la domination masculine et les violences du patriarcat sont intériorisés par la société dans son ensemble permettant que se diffuse et se perpétue la culture du viol.

Violaine Lucas, Présidente de Choisir la cause des femmes
Paris, le 25 mai 2022