Élection européenne 2024 : Choisir interpelle France télévision pour un débat sur les droits des femmes dans l'UE


Nous reproduisons ici le lettre que nous avons adressée à France télévision, le 21 avril 2024.


Lettre ouverte à France télévision pour un débat sur les droits des femmes et personnes LGBTQI en Europe dans le cadre de l’élection européenne

Ce 8 mars 2024, la France est devenue le premier pays au monde à inscrire dans sa Constitution la liberté garantie pour les femmes d’accéder à une interruption volontaire de grossesse. Dans le même temps, la dénonciation par des femmes courageuses de violences sexuelles et incestueuses perpétrées par des hommes célèbres dans les plus hautes sphères de la politique, de la littérature, des arts et du sport ont ouvert un large débat public sur la question des violences sexistes et sexuelles, et même, sur la notion de consentement que le grand public s’est approprié. Le président Macron lui-même a finalement déclaré être favorable à l'inscription du consentement dans la définition française du viol... mesure à laquelle il s'était pourtant opposé à l'échelle européenne.

Or, ces avancées ne doivent masquer ni les lacunes françaises en termes de politiques publiques féministes ni, en élargissant notre focale hors de France, les inégalités entre citoyennes européennes sur ces questions. Nos politiques nationales étant largement guidées par ce qui se décide à Bruxelles, y compris sur ces sujets, la victoire annoncée des partis d’extrême-droite à l’élection européenne du 9 juin rend urgent de connaître les positions des différentes candidates et candidats aux européennes sur les droits des femmes et personnes LGBTQI.  

Droits des femmes et LGBTQI : alerte dans les pays européens gouvernés par l'extrême-droite

 

Car, que se passe-t-il quand l’extrême-droite ou des coalitions de droite réactionnaire s’emparent du pouvoir dans un pays de l’UE ? Les reculs sont effrayants comme nous l’avons observé en sillonnant l’Europe depuis juillet 2022. Interdiction pure et simple de l’IVG (Pologne) ; accès limité aux moyens de contraception au nom du “réarmement démographique” (Pologne, Hongrie, Slovaquie) ; politique d’incitation aux grossesses multiples et limitation d’accès au monde du travail pour les femmes (Hongrie) ; éducation sexuelle réduite aux stéréotypes de genre (Pologne, Hongrie) ; villes excluant les personnes LGBTQI (Hongrie) ; cimetières de foetus (Italie) ; registre d’inscription obligatoire de toutes les grossesses (Pologne) ; radiation du second parent de l'État civil pour les couples homosexuels (Italie) ; inscription dans la constitution d’une définition seulement hétérosexuelle de la famille (Hongrie) ; et ces jours-ci en Italie possibilité pour les anti-IVG d'entrer dans les cliniques pour empêcher les femmes d’avorter, etc..

Ces choix politiques s'inscrivent clairement dans une volonté de réduire les droits des femmes à disposer de leur corps et de leurs libertés.

Or, alors même que le grand public français a montré depuis plusieurs mois son intérêt pour ces questions et celles qui concernent aussi les violences de genre, le travail ou la santé des femmes..., les candidates et candidats à l’élection européenne ne sont jamais interrogés sur ces sujets lors des débats télévisés.  

Le meilleur de l'Europe pour les femmes : le programme européen de Choisir 

 

Choisir la cause des femmes fondée par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, propose, étude comparée à l’appui, un programme politique féministe qui a été adopté par au moins cinq partis politiques en lice pour l’élection européenne : LFI, le PCF, PP-PS, EELV et Renaissance. Cet ensemble législatif reposant sur les lois les plus efficaces existant dans un pays de l'UE  dans tous les domaines de la vie des femmes, a été inventé par Gisèle Halimi.

Mais qu’ont à opposer à ces propositions concrètes, les autres partis politiques ?

Le Rassemblement national et une partie des Républicains ont systématiquement défendu les positions les moins émancipatrices au Parlement européen sur ces sujets. A titre d’exemple, en mars 2018, 29 parlementaires européens du Front national et de LR s’étaient opposés à l’interdiction des thérapies de conversion pour les personnes LGBTQI. Par ailleurs, le RN et Reconquête affichent clairement leur filiation avec les régimes anti-féministes d’Orban et de Meloni. Autant de signes inquiétants pour l’avenir des femmes et personnes LGBTQI en Europe et en France.

Les Françaises et les Français ont le droit de savoir quel programme politique Jordan Bardella, Marion Maréchal-Le Pen et François-Xavier Bellamy comptent mener en Europe concernant les droits des femmes et des personnes LGBTQI. Qu’ont-ils à répondre à ces questions :
Quels droits sexuels et reproductifs en Europe pour les femmes ?
Quels modèles de famille ?
Quels moyens pour lutter contre les violences patriarcales ?
Quels moyens pour permettre aux femmes d’être indépendantes économiquement sans être impactées par le mal-travail ?
Quels outils pour leur permettre une participation politique et citoyenne réelle à égalité avec les hommes ?

Plus que jamais un débat consacré aux droits des femmes dans l'UE est important

 

Face à la menace réelle d’un basculement à l’extrême droite du Parlement européen, Choisir la cause des femmes interpelle donc solennellement le service public français de télévision pour demander que le débat entre les têtes de liste du 4 juin soit entièrement consacré aux questions féministes. Plus que jamais, le rôle de la télévision publique est d’informer les citoyennes et citoyens appelés à voter le 9 juin prochain sur les programmes politiques en matière de droits des femmes. Les femmes représentant la majorité du corps électoral en France et en Europe, leurs droits ne sont donc pas minoritaires et il y a fort à parier qu’elles suivront ce débat dans une large audience car il y a réellement débat mais aussi désinformation et manipulations sur ces sujets en France. Le service public de télévision et de radio s’honorerait à proposer un tel débat, et à se hisser à la hauteur des aspirations d’un peuple prêt à regarder en face ses faiblesses comme ses forces et à agir en féministe.

 

Violaine Lucas, Paris le 21 avril 2024