Tour Européen de Choisir : en Belgique, des dispositifs avancés pour lutter contre les violences de genre

ENGLISH VERSION BELOW

 

Comme vous le savez, depuis 2022, Choisir la cause des femmes a décidé d’actualiser son ouvrage collectif de 2008 La Clause de l’Européenne la plus favorisée (éd des femmes). Ce projet européen promeut auprès des institutions européennes un ensemble législatif composé des lois les plus efficaces existant dans les États membres de l’UE pour les droits des femmes et personnes LGBTQIA+. En 2023, après un tour européen des associations féministes, nous avons publié l’ouvrage actualisé sous le titre Le meilleur de l’Europe pour les femmes et avons organisé un colloque européen pour réunir notre réseau européen.

 

Nous créons aujourd'hui un Secrétariat permanent de l’Europe féministe qui vise à renforcer notre réseau européen, à produire ensemble des outils communs pour promouvoir dans chaque État membre et auprès des insitutions européennes "le Meilleur de l’UE pour les femmes" et enfin écrire ensemble une directive outil juridique pour la mettre en oeuvre. Pour cela, nous reprenons un tour européen et rendons compte à travers une série d’articles des situations dans les pays visités, telles que nous les ressentons. Une fois de plus, ces articles sont des points de vue que nous vous invitons à commenter et amender si vous l’estimez nécessaire. Le principe de base est de construire ensemble ce projet, sans nous diviser et en ayant conscience que notre principal enjeux est de lutter contre extrême-droite, masculinisme et pouvoirs religieux qui mettent en péril les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ en Europe.


Première étape de ce nouveau tour européen, nous nous sommes rendu à Liège pour visiter les deux dispositifs innovants que sont le Centre de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) et le Dispositif interdisciplinaire de lutte contre les violences dans le couple (DIVICo).

Le CPVS de Liège, un centre pionnier pour la prise en charge des personnes victimes de violence sexuelle.
Créé en 2017 avec deux autres centres en Bruxelles et en Flandres, ce centre pionnier est dirigé par Carine Thirion. Au terme de cette expérimentation, une loi d’avril 2024 est venue sanctuariser, et étendre ce dispositif aux 10 provinces que comptent la Belgique.

La loi du 12 avril 2024 relative aux CPVS en organise son fonctionnement. Elle dispose ainsi dans son article 3 que “le Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles est un partenariat validé par l’Institut, entre un hôpital, les services de police et le ministère public” et qui est “financé et (...) fonctionne conformément aux modalités et conditions de la présente loi.”

Ses missions visent à “soutenir les victimes de violences sexuelles par un encadrement multidisciplinaire (...) :
1° en leur procurant des soins de santé et des services sociaux;
2° en leur offrant un examen médico-légal;
3° en les informant et en les accompagnant lorsqu’elles souhaitent déposer une plainte;
4° en leur offrant une assistance policière sur place;
5° en facilitant l’exécution des missions judiciaires.” (article 4

Institut, hôpital, services de police et ministère public (le parquet) organisent donc le dialogue et la mise en œuvre des CPVF et doivent le faire de façon “coordonnée, durable et multidisciplinaire” (art 7).

Un accueil adapté en fonction des phases de violence pour lutter contre la victimisation secondaire

La coordinatrice du CPVS de Liège, Carine Thirion, nous explique que l’action du CPVS est prioritairement destinée à accueillir des personnes victimes de “violences sexuelles en phase aiguë”: c’est à dire de “violences sexuelles qui, au moment de l’admission au sein de la structure CPVS, ont eu lieu il y a sept jours ou moins” (art 2/2). Mais elles accueillent aussi des personnes victimes de “violences sexuelles en phase post-aiguë” qui, au moment de l’admission ont eu lieu “il y a plus de sept jours et pas plus de trente jours et de “violences sexuelles en phase non aiguë”: pour des violences remontant à plus de trente jours”.

Cette attention portée aux violences sexuelles en phase aiguë est centrale car le dispositif est destiné, conformément à l’article 18 de la Convention d'Istanbul qui recense les obligations générales pour les parties au sein du “Chapitre IV, Protection et soutien”, à limiter les risques de victimisation secondaire. La victimisation secondaire survient lorsque les acteurs et actrices du système de justice pénale, par leur action, réactivent chez la victime la douleur de la première blessure liée à l’infraction.

Pour éviter cette victimisation secondaire, les personnes accueillies doivent se sentir dans les meilleures conditions possibles lors de leur prise en charge pour pouvoir choisir de déposer plainte ou non. Dans cet objectif, chaque partenaire du dispositif doit répondre à un certain nombre d’obligations.

Un fonctionnement partenarial : ministère public, police et hôpital engagés et formés

Le ministère public “favorise et facilite (...) le fonctionnement du CPVS” (art 8).

Les services de police doivent notamment assurer la présence d’un ou d’une “inspectrice violences sexuelles” c’est à dire d’un ou une fonctionnaire de police “formé·e à fournir une assistance policière aux victimes de violences sexuelles en phase aiguë” et un “coordinateur·rice de police” désigné par les services de police qui assure la “coordination des tâches de la police (...) et sont le point de contact de la police pour les autres partenaires du CPVS”. Ils doivent organiser une permanence pour que deux inspecteurs·rices violences sexuelles puissent à tout moment intervenir dans les locaux du CPVS qui sont accolés au centre hospitalier universitaire. Dans le centre, un local est exclusivement dédié au dépôt de plainte et est pourvu d’un système d'enregistrement (obligatoire pour les dépôts de plainte d’enfants). Toute victime de violences sexuelles accueillie dans un service de police doit être informée de la possibilité d'être prise en charge entièrement par le CVPS et la police l’y transporte si la victime le souhaite.  

De son côté l’hôpital s’engage, selon l’article 13, à créer et “aménager une structure” qui lui soit adossée, pour prendre en charge de façon continue (24/24, 7/7) les victimes en état de violences phase aigües et post-aigües. L’hôpital doit conserver les “traces médico-légales” c’est à dire “l’ensemble des éléments matériels pouvant servir de preuve des violences sexuelles ou pouvant contribuer à l’administration de la preuve des violences sexuelles, y compris les vêtements de la victime, les prélèvements effectués sur la victime, les excrétions et sécrétions collectées sur la victime et le reste du matériel remis à cette fin par la victime” (art 12-13) ;  mais aussi et notamment à organiser et coordonner l’équipe du CPVS ; veiller à l’accessibilité au centre et à la sécurité des victimes. Cette structure enfin doit encore et, entre autre, être corrélée à un centre de référence HIV et à un service de pédiatrie.

Tout cela doit concourir à une prise en charge de la victime et de sa personne de soutien ; à un apport de soins de santé physique et mentale ; d’informations et de conseils sociaux, médicaux, psychosociaux et juridiques.

Un accompagnement dans la durée


La personne accompagnée qu’elle ait décidé de porter plainte au sein du CPVS ou qu’elle décide de le faire ultérieurement ou de ne pas le faire, est suivie et accompagnée par un dispositif d’appel par les intervenantes du centre pendant plusieurs mois. Les preuves sont conservées dans un espace sécurisé 6 mois mais ce délai peut être reconduit 6 autres mois avant destruction. Les droits de la personnes accompagnées sont encadrés de façon à ce qu’elle puisse à tout moment retirer son consentement si elle souhaite interrompre sa prise en charge. L’échange d’informations entre les différents partenaires est lui aussi encadré de façon à protéger les droits de la victime. Cette loi est entrée en vigueur au 1er janvier 2025.


Le dispositif est complété par deux documents qui permettent que sur tout le territoire les personnes puissent être accueillies de la même façon : des "critères nationaux" sont recensés dans un document officiel non intégré à la loi. Ils permettent un fonctionnement uniforme des centres selon les contraintes établies mais peuvent être adaptés “au gré de l'évolution des centres et de leur expertise” selon Carine et le “Plan d'action infirmier” qui présente les étapes à suivre pour l’accueil des personnes. Les psychologues en ont également un.

Une création saluée par le Grevio

Le Grevio a salué en mai 2024, dans ses Conclusions sur la mise en oeuvre des recommandations concernant la Belgique adoptées par le Comité des Parties à la Convention d’Istanbul les avancées récentes de la Belgique dans plusieurs domaines qui tient compte des recommandations du rapport du GREVIO de 2020 :
- une nouveau plan d’action 2021-2025 qui tient compte des “besoins spécifiques des victimes exposées à la discrimination intersectionnelle” ;
- l’identification des “lignes budgétaires allouées à la prévention et à la lutte contre la violence à l'égard des femmes, et l'augmentation globale des fonds destinés notamment à améliorer et à renforcer le rôle de l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes” ;
- le “renforcement de la coopération avec la société civile, notamment par la création d'une plate-forme nationale indépendante pour la société civile, dont les membres se réunissent tous les mois” sur les violences de genre ;
- la création d’un “nouveau groupe de coordination interministériel sur la violence à l'égard des femmes, composé d'autorités fédérales, régionales et locales et de prestataires de services, institué par le nouveau plan d'action national” ;
- une campagne d’information contre les mutilations génitales féminines (MGF) ;

et des avancées législatives importantes traduites dans le Code pénal :

- en mars 2022, une définition du viol “fondé sur l’absence de consentement libre”, assortie d’une “campagne destinée à faire connaître cette nouvelle définition du viol” ;
- en juin 2023, la création d’une loi visant à “prévenir et à combattre le féminicide, notamment via une harmonisation du champ lexical de la violence à l’égard des femmes, l’introduction d’importantes nouveautés procédurales en terme d’évaluation des risques, la tenue obligatoire de formations à destination des magistrats sur la violence sexuelle et de nouvelles garanties lorsque des femmes victimes de violences sont auditionnées par la police.”

Si des progrès sont toujours attendus par le GREVIO pour qu’une collecte des données fiables oriente plus précisément les politiques de lutte contre les violences de genre ; que les financements des ONG oeuvrant dans ce domaine soient augmentées et que des mesures supplémentaires soient prises pour limiter davantage “le droit de garde et de visite reconnu aux auteurs de violences” et lutter contre l'immixtion dans les pratiques judiciaires de la notion de “syndrome d'autorité parentale” qui ne s’appuie sur aucun fondement scientifique, le dispositif du CPVS a, retenu l’attention du rapport du GREVIO.

Depuis 2017, l’engagement de celles (les femmes y étant majoritaires) qui mettent en oeuvre les missions du CPVS, témoigne d’un travail de fond régulièrement évalué et qui prend soin tant des personnes accueillies que des personnes qui y travaillent.
Des avancées législatives importantes de 2020 à 2023 et des incertitudes pour l’avenir

Pour le moment, nul·le ne peut dire si la volonté politique à l’origine de ces avancées belges sera poursuivie à l'issue du plan national 2021-2025. En effet, les incertitudes sur un engagement éventuel dans ce sens du nouveau gouvernement Arizona mis en place le 4 février 2025, avec à sa tête le nationaliste Bart de Wever, devenu premier ministre et des ministres issu des partis Libéraux (MR), Sociaux-libéraux (Engagés), Chréitens-démocrates (CD&V) et des Socialistes flamands (Vooruit) demeure.

Une loi historique contre les féminicides résultat d'une volonté et d'une action politiques féministes
Sarah Schlitz, secrétaire d'État à l'Égalité des genres, à l'Égalité des chances et à la Diversité de 2020 à 2023, a porté pendant près de trois ans toutes ces lois extrêmement avancées : interdiction des thérapies de conversion ; extension des CPVS dans tout le territoire de la Belgique ; loi contre les féminicides,.... Elle poursuit aujourd’hui son activisme comme députée fédérale après avoir inscrit dans la loi des réformes historiques qui ont besoin d’un engagement financier pérenne.

Son rôle aura été particulièrement déterminant comme le souligne en France l’historienne et féministe Christelle Taraud dans le journal Politis en août 2023 “Le Parlement fédéral belge a adopté une ambitieuse loi contre les féminicides, historique à plus d’un titre.” La loi “Stop féminicide” du 29 juin 2023 (https://information.tv5monde.com/terriennes/loi-stop-feminicide-en-belgique-une-premiere-en-europe-2653107) est en effet aussi historique que la loi cadre espagnole de 2004, parce qu’elle définit le féminicide de façon à en montrer le “caractère systémique et non conjoncturel, massif et non individuel, sociétal et non isolé” selon les termes de Christelle Taraud. La loi définit ainsi “avec précision, les termes utilisés (rôle de genre, perspective de genre, violences fondées sur le genre, violences intrafamiliales, contrôle coercitif…) tout en sortant le féminicide de la seule catégorie de « crime par un partenaire intime ”.

La loi définit le féminicide en disposant au § 2 qu’ “il faut entendre par ‘féminicide', l'homicide intentionnel d'une femme en raison de son genre ou la mort d'une femme qui résulte de pratiques qui causent un dommage aux femmes, que l'homicide intentionnel ou les pratiques dommageables soient commis par un partenaire, un membre de la famille ou un tiers”.

La loi du 29 juin 2023 donne ainsi quatre formes distinctes de féminicides résumées ainsi par Christelle Taraud  :

- le féminicide intime commis par un partenaire ou par un membre de la famille ;
- le féminicide non intime lié à un contexte d’exploitation sexuelle ou de traite des êtres humains, de violences sexuelles ou dans le cadre d’un continuum de violences en lien avec une relation de pouvoir inégale ou d’un abus de pouvoir ;
- le féminicide indirect causé par des pratiques imposées aux femmes et qui conduisent à leur mort (mutilation génitale, avortement forcé, suicide forcé…)
- la tentative de féminicide évitée par des circonstances indépendantes de la volonté du féminicidaire ».

L'historienne souligne aussi le rôle que le comité scientifique “de haute volée” mis en place par la loi va apporter en collectant des données qui permettra une prise de conscience collective de l’enjeu systémique des violences de genre par la société.

Le DIVICo, un dispositif partenarial de lute contre les violence dans le couple, en action sur le terrain
Sarah Debouny et Sophie Scarpinati sont à pied d'œuvre depuis plus de 10 ans dans la commune de Liège pour lutter contre les violences de couple et dans les relations en tant qu’intervenantes du DIVICo (Dispositif interdisciplinaire de lutte contre les violences dans le couple). L’avancée législative de la loi “Stop féminicide” du 29 juin 2023 permet de rendre plus visible leur travail en leur ouvrant des portes vers de nouveaux moyens d’action.

La culture partenariale du territoire : une clef de réussite
Comme en matière de violences sexuelles, le dispositif liégeois DIVICo doit beaucoup à la culture partenariale du territoire.

Le DIVICo a été créé en juin 2023 afin de “lutter efficacement contre les féminicides, les infanticides, les suicides et les enlèvements d’enfants”. Il résulte d’une volonté de travail partenarial (province, ville, pôle de ressources spécialisées sur les violences conjugales et intrafamiliales, police et justice). Afin d’éviter la fragmentation des informations et de permettre des interventions rapides et coordonnées, les parties membres de ce dispositif peuvent se réunir à tout moment pour réagir face à une demande urgente. Dès lors que l’un des partenaires a connaissance d’une situation de crise (une ligne « écoute violences conjugales » a été mis en place), une concertation des partenaires du territoire donne lieu à l’évaluation rapide du caractère critique de cette situation.

Cette évaluation du niveau de dangerosité d’une situation de violence conjugale s’inspire de la grille d’évaluation des risques utilisée par la Police et les Parquets en Belgique et s’adapte aux besoins du secteur psycho-médico-social. Son approche systémique croise les connaissances sur les processus de domination conjugale (PCD, développé au Québec), le cycle de la violence conjugale et son effet sur les enfants de Léonor Walker (https://www.drlenoreewalker.com/), les connaissances sur le contrôle coercitif et une lecture de genre.
Un service municipal dédié au violences intra-familliales et dans les relations
Dans le service municipal, 83 personnes s'occupent des questions de criminalités à Liège et sont réparties en plusieurs secteurs : atteintes aux biens ; violence, intra-familiales et dans les relations ; violence dans le sport ; radicalisation ; toxicomanie ; prévention routière ; propreté et espace urbain.

Sarah Debouny, criminologue de formation, travaille en interne des services municipaux, où elle est chargée de l'évaluation de la criminalité et notamment des « violences de couple et dans les relations » et les VSS. Elle dépend du ministère de l'intérieur mais elle est rémunérée par la ville. Elle intervient aussi à l’université.

La prise de conscience de faire une telle politique publique est liée à des violences urbaines dans les années 80/90 ; l'affaire Dutroux et des actes terroristes qui ont occasionné une réforme de la police fédérale et des polices locales pour améliorer le dialogue entre police, justice et citoyen.ne.s. Les crises politiques financières ont accentué les problèmes dans les années 2000 obligeant à mettre en place des politiques de partenariat avec un dialogue et des projets à long terme, pour faire dialoguer le psycho-médico-socio-éducatif, la police, la justice.

Une co-construction des politiques éducatives
Fonctionnant par appels à projets sur les violences intrafamiliales, le DIVICo construit ses politiques publiques en partenariat avec les publics qu’il vise quand cela est possible. Par exemple, la ville étant caractérisée par une vie étudiante nocturne et des grand festival de musique, les politiques de prévention ont été construites avec les étudiant·es. Le service “plan proximité” vise à mettre en œuvre des politiques de la ville et d'urbanisme au centre desquels se trouvent les femmes.

L’EVARS (éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle) est entrée dans la loi en 2022 ce qui leur a permis de multiplier leurs interventions dans le milieu scolaire mais l’âge seuil pour ces formations fixé à 12 ans leur semble trop tardif. Malgré cela, elles ont le sentiment que la culture du respect entre dans les mentalités.

Des programmes de pris en charge des auteurs de violences se développent autour des “Maison de justice” qui en Belgique dépendent du parquet et s'occupent de l'accueil des victimes, des auteurs, des familles et les accompagnent pendant tout le temps de la procédure.

Une municipalité engagée pour la lute contre les VSS par différentes instances
La ville dispose d’un échevinage, c'est-à-dire d’un adjoint au maire (sur 8), consacré aux droits des femmes (et au bien-être animal). Une commission communale consultative des femmes réunit les associations féministes, les élue·e·s, la société civile. Des enquêtes de sécurité portant sur le territoire global de Liège consacrent chaque année, un chapitre de l’évaluation aux services de police. Enfin, dans la zone d’intervention de la police, un agent est chargé spécifiquement des questions LGBTQIA+.

Ainsi, qu’il s’agisse des pouvoirs locaux ou du pouvoir fédéral, les rencontres en Belgique et particulièrement les intervenantes de Liège -que nous remercions de leur accueil- auront montré à quel point la volonté et l’action politiques, relayant les revendications et mobilisations féministes sont indispensables à la réalisation des objectifs de la Convention d’Istanbul. La seule ratification ne suffit pas. Il faut ensuite que les moyens financiers suivent pour que celles et ceux qui interviennent localement, au plus près des victimes, soient à même de leur apporter le soin qu’elles sont en droit d’exiger face aux violences de genre.

 

Violaine Lucas, à Paris le 12 mars 2025

 

ENGLISH VERSION

European Tour by Choisir in Belgium: Advanced Mechanisms Against Gender-Based Violence


As you know, since 2022, Choisir la cause des femmes has undertaken to update its 2008 collective publication The Clause of the Most Favoured European Woman (Éditions des Femmes). This European project promotes within EU institutions a legislative package composed of the most effective laws existing in EU member states for the rights of women and LGBTQIA+ people. In 2023, after a European tour of feminist associations, we published the updated version under the title The Best of Europe for Women and organized a European conference to bring together our European network.


We are now establishing a Permanent Secretariat for a Feminist Europe, with the aim of strengthening our European network, co-developing shared tools to promote the best of the EU for women across all member states and EU institutions, and ultimately drafting a directive—a binding legal instrument—to ensure its implementation. To this end, we are resuming the European tour and reporting through a series of articles on the situations in the countries we visit, as we perceive them. Once again, these articles represent points of view that we invite you to comment on and amend if you deem it necessary. The basic principle is to build this project together, without division, and with an awareness that our main challenge is to combat the far right, masculinism, and religious powers that jeopardize the rights of women and LGBTQIA+ people in Europe.


First stop on the new European tour:
We visited Liège to explore two innovative mechanisms: the Centre for the Care of Victims of Sexual Violence (CPVS) and the Interdisciplinary Mechanism to Combat Intimate Partner Violence (DIVICo).

 

The CPVS in Liège: A Pioneering Center for Supporting Victims of Sexual Violence


Created in 2017 alongside two other centers in Brussels and Flanders, this pioneering center is directed by Carine Thirion. Following the pilot phase, a law passed in April 2024 formally established and expanded the system to all 10 provinces of Belgium.
The Law of April 12, 2024, concerning the CPVS (Centres for the Care of Victims of Sexual Violence), outlines how the centers operate. Article 3 states that:
“The Centre for the Care of Victims of Sexual Violence is a partnership endorsed by the Institute, bringing together a hospital, police services, and the public prosecutor’s office. It is funded and operates under the terms and conditions set out by this law.”
The center's mission is to support victims of sexual violence through a multidisciplinary approach, specifically by:
- Providing health care and social services;
- Offering forensic medical examinations;
- Informing and supporting victims who wish to file a complaint;
- Providing on-site police assistance;
- Facilitating the execution of judicial procedures. (Article 4)

The Institute, hospital, police services, and public prosecutor’s office work together to coordinate and implement the CPVS system, which must function in a coordinated, sustainable, and multidisciplinary manner (Article 7).

 

Stage-Specific Support to Prevent Secondary Victimization
Carine Thirion, coordinator of the Liège CPVS, explains that the center’s priority is to support victims of “acute phase sexual violence”—that is, sexual violence that occurred within seven days prior to admission to the CPVS (Article 2/2). However, they also welcome victims of:
- Post-acute phase sexual violence, where the incident occurred more than seven days but less than thirty days ago, and
- Non-acute phase sexual violence, for incidents that took place over thirty days ago.
The focus on acute-phase violence is central, as the system is designed to reduce the risk of secondary victimization, in line with Article 18 of the Istanbul Convention, which sets out general obligations in Chapter IV, “Protection and Support.”
Secondary victimization occurs when professionals within the criminal justice system—through their actions—unintentionally cause the victim to relive the trauma of the original offense. To avoid this, those seeking help must be welcomed under the best possible conditions, enabling them to make an informed choice about whether or not to file a complaint. Each partner in the system is therefore required to meet a number of specific obligations.

 

A Collaborative System: Public Prosecutor’s Office, Police, and Hospital—All Committed and Trained
The public prosecutor’s office is tasked with “supporting and facilitating the operation of the CPVS” (Article 8).
The police services must ensure the presence of:
- A “sexual violence inspector”—a police officer trained to assist victims of acute-phase sexual violence, and
- A “police coordinator”, appointed by the police, who oversees police tasks and serves as the main contact point between police and the other CPVS partners.
Police are required to organize a 24/7 on-call service so that two sexual violence inspectors can be available to intervene at the CPVS, which is physically attached to the university hospital. Within the center, a dedicated room for filing complaints is equipped with a recording system (mandatory for child victim reports).
Any victim of sexual violence who seeks help at a police station must be informed of the possibility of full support at a CPVS. If the victim consents, the police must arrange transportation to the CPVS.
Hospitals, for their part, are required under Article 13 to establish and equip a facility adjacent to the hospital that offers continuous (24/7) care for victims in both the acute and post-acute phases of sexual violence. 
Hospitals are also responsible for:
- Preserving forensic evidence—defined as “all physical elements that can serve as evidence of sexual violence or help establish such evidence, including the victim’s clothing, biological samples, and any materials provided by the victim” (Articles 12–13);
- Organizing and coordinating the CPVS team;
- Ensuring accessibility and safety for victims.
Additionally, the structure must be linked to an HIV reference center and a pediatric service.
This multidisciplinary collaboration aims to provide victims and their support persons with:
- Physical and mental healthcare,
- Social, medical, psychosocial, and legal information and guidance.

- Ongoing Support
Whether or not the victim decides to file a complaint at the CPVS—or chooses to do so later or never—the victim receives follow-up support via regular outreach from center staff for several months.
Collected evidence is stored in a secure facility for six months, a period which can be extended once for another six months before mandatory destruction.
The rights of those being supported are protected: they may withdraw consent at any time and end the support process. Information-sharing among partners is strictly regulated to protect the victim’s rights.
This law came into force on January 1, 2025.

National Guidelines and Standardized Procedures
The system is reinforced by two key documents ensuring consistent care nationwide:
“National criteria”, listed in an official document (not part of the law), establish uniform standards for center operations. These can be adapted over time as centers evolve and gain experience, according to Carine.
A “Nursing Action Plan” outlines the step-by-step procedure for welcoming victims. Psychologists also have a dedicated protocol.
These tools guarantee that victims receive equal, high-quality care across the entire territory.

 

A Reform Applauded by GREVIO
In May 2024, the GREVIO (Group of Experts on Action against Violence against Women and Domestic Violence) welcomed Belgium’s recent progress in its Conclusions on the implementation of the recommendations issued by the Committee of the Parties to the Istanbul Convention, praising several reforms that responded to GREVIO’s 2020 evaluation report. These include:
A new 2021–2025 national action plan that explicitly considers the specific needs of victims exposed to intersectional discrimination;
The identification of budget lines dedicated to the prevention and fight against violence against women, along with a general increase in funding, particularly to strengthen the role of the Institute for the Equality of Women and Men;
Improved cooperation with civil society, including the creation of an independent national civil society platform that holds monthly meetings on gender-based violence;

 

The establishment of a new interministerial coordination group on violence against women, bringing together federal, regional, and local authorities, as well as service providers, under the new national action plan;
A public awareness campaign against female genital mutilation (FGM).
Belgium has also made notable legislative progress, reflected in updates to the Penal Code, including:
In March 2022, a redefinition of rape based on the absence of free consent, accompanied by a public information campaign explaining the new legal definition;
In June 2023, the adoption of a law to prevent and combat femicide, which included:
- Standardizing terminology used to address violence against women,
- Introducing major procedural innovations for risk assessment,

- Mandating training for magistrates on sexual violence, and
- Establishing new safeguards for how women victims are interviewed by police.

 

Persistent Challenges and the CPVS in Focus
Despite this progress, GREVIO has identified areas for continued improvement, such as:
- Reliable data collection to better guide public policy on gender-based violence;
- Increased funding for NGOs working in this field;
- Stronger legal measures to restrict custody and visitation rights of perpetrators;
- Combating the use of the scientifically unfounded concept of the so-called “parental alienation syndrome” in legal proceedings.

 

Still, the CPVS (Care Centres for Victims of Sexual Violence) stood out positively in GREVIO’s latest report.
Since 2017, the sustained commitment of those working in the CPVS—the majority of whom are women—reflects a deeply rooted effort that is regularly evaluated, placing equal importance on caring for victims and supporting the professionals involved.

 

Significant Legislative Advances (2020–2023), but Political Uncertainty Ahead
While the period from 2020 to 2023 saw major legislative steps forward, the future remains uncertain. It is unclear whether the political will that drove these reforms will continue beyond the 2021–2025 national action plan. Doubts persist following the formation of the new "Arizona" coalition government on February 4, 2025, led by nationalist Bart De Wever as Prime Minister. The coalition includes Liberal (MR), Social-Liberal (Les Engagés), Christian-Democratic (CD&V), and Flemish Socialist (Vooruit) ministers. Whether this new government will maintain Belgium’s commitment to tackling gender-based violence remains to be seen.

 

A Historic Law Against Feminicide: The Outcome of Feminist Political Will and Action
From 2020 to 2023, Sarah Schlitz, Belgium’s Secretary of State for Gender Equality, Equal Opportunities and Diversity, played a pivotal role in passing a series of progressive laws, including:
- the ban on conversion therapy;
- the expansion of CPVS (Care Centres for Victims of Sexual Violence) throughout the country;
and above all, the "Stop Feminicide" law, adopted on 29 June 2023.

 

Schlitz, now a federal MP, continues her feminist activism. Her efforts are widely recognized as having brought about historic legal reforms that now require sustainable financial support to ensure their long-term impact.

 

Her contribution was highlighted by French historian and feminist Christelle Taraud, who wrote in Politis (August 2023):
“The Belgian federal parliament has passed an ambitious and historic law against feminicides.”
Taraud draws a parallel between this law and Spain’s 2004 framework law, emphasizing its significance in recognizing feminicide as systemic rather than incidental, widespread rather than isolated, and societal rather than personal. The law introduces precise terminology, such as gender roles, gender perspective, gender-based violence, domestic violence, coercive control, and expands the definition beyond intimate partner violence.

 

A Clear Definition of Feminicide
According to § 2 of the "Stop Feminicide" law, feminicide is defined as:
“The intentional killing of a woman because of her gender or the death of a woman resulting from practices that cause harm to women, whether committed by a partner, a family member, or a third party.”
The law distinguishes four forms of feminicide, as summarized by Christelle Taraud:
- Intimate feminicide: committed by a partner or family member;
- Non-intimate feminicide: occurring in the context of sexual exploitation, human trafficking, or power-based violence;
- Indirect feminicide: resulting from harmful practices like female genital mutilation, forced abortion, or forced suicide;
- Attempted feminicide: thwarted by circumstances beyond the perpetrator's control.
The law also mandates the creation of a high-level scientific committee responsible for data collection. This is expected to raise societal awareness of the systemic nature of gender-based violence.

 

On-the-Ground Action: DIVICo in Liège
On the ground, the DIVICo (Interdisciplinary System to Combat Domestic Violence) exemplifies how the law’s ambitions translate into action. For over a decade, Sarah Debouny and Sophie Scarpinati have been active in Liège, working directly with victims of intimate partner violence.
Thanks to the "Stop Feminicide" law, their work now receives greater visibility and institutional support, enabling them to expand their scope and access new tools and resources. DIVICo reflects the broader impact of feminist policymaking and the crucial role of interdisciplinary cooperation in combatting gender-based violence.
A Culture of Territorial Partnership: A Key to Success in Combating Gender-Based Violence
Just as with initiatives addressing sexual violence, the effectiveness of the Liège-based DIVICo system stems largely from the culture of partnership that characterizes the region.
DIVICo: An Interdisciplinary Response to Feminicide and Family Violence
Founded in June 2023, the DIVICo (Dispositif interdisciplinaire de lutte contre les violences dans le couple) was designed to effectively combat feminicides, infanticides, suicides, and child abductions. It is the result of a collaborative initiative bringing together local authorities (province and city), specialized resource hubs on domestic and intra-family violence, the police, and the judiciary.
To ensure rapid and coordinated intervention and avoid information silos, the stakeholders involved can convene at any time in response to urgent situations. A dedicated domestic violence hotline allows for real-time alerts. Once a partner identifies a potential crisis, a joint evaluation is promptly carried out to determine the level of critical danger.
This evaluation is inspired by the risk assessment tools used by the Belgian police and prosecution services, but tailored to the psycho-medico-social sector. The approach is systemic and gender-sensitive, drawing on:
- The Processus de Domination Conjugale (PDC) model developed in Québec;
- Lenore Walker’s cycle of domestic violence and its effects on children (source);
- Research on coercive control;
- And a gender-based analysis of violence dynamics.

 

A Dedicated Municipal Service on Intra-Family and Relational Violence
The City of Liège employs 83 professionals within its municipal crime prevention department, distributed across sectors including:
- Property crimes,
- Inter-family and relational violence,
- Violence in sports,
- Radicalization,
- Substance abuse,
- Road safety,
- And urban cleanliness.
Among them is Sarah Debouny, a criminologist who works within municipal services on crime evaluation, with a focus on domestic and relational violence and sexual and gender-based violence (SGBV). Though she is employed by the City of Liège, she reports to the Ministry of the Interior and also teaches at the university level.

 

From Urban Violence to Institutional Reform: The Evolution of a Public Policy
The development of this public policy is rooted in historical trauma and institutional reforms:
- The rise of urban violence in the 1980s and 1990s;
- The Dutroux case, which shook Belgium in the 1990s;
- And more recently, terrorist attacks that led to sweeping reforms of federal and local police forces to improve collaboration between police, justice, and citizens.
These events, combined with political and financial crises in the 2000s, pushed institutions to adopt long-term partnership-based policies. These initiatives aim to foster sustained dialogue and collaboration among the psycho-medico-social-educational sectors, the police, and the justice system—a foundation on which innovative programs like DIVICo have been built.

 

A Co-construction of Educational Policies
Operating through calls for projects on domestic violence, DIVICo builds its public policies in partnership with the target audiences whenever possible. For example, since the city is characterized by a vibrant student nightlife and major music festivals, prevention policies have been developed with students. The “proximity plan” service aims to implement city and urban planning policies centered around women.
EVARS (éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle) was introduced into the law in 2022, which allowed for a significant increase in interventions in schools. However, the age threshold for these trainings, set at 12 years old, seems too late to them. Despite this, they feel that the culture of respect is starting to take root in people’s minds.
Programs for the care of perpetrators of violence are being developed around the “Houses of Justice,” which in Belgium depend on the Public Prosecutor’s Office and deal with the reception of victims, perpetrators, and families, accompanying them throughout the judicial process.

 

A Municipality Committed to the Fight Against Gender-Based and Sexual Violence Through Various Bodies
The city has an the municipal executive board, that is, one of the eight deputy mayors, dedicated to women’s rights (and animal welfare). A municipal advisory commission on women brings together feminist associations, elected officials, and civil society. Safety surveys covering the entire territory of Liège devote a chapter each year to evaluating police services. Finally, in the police intervention zone, one officer is specifically responsible for LGBTQIA+ issues.
Thus, whether at the local or federal level, the meetings in Belgium—and especially with the professionals in Liège, whom we thank for their warm welcome—have shown to what extent political will and action, echoing feminist demands and mobilizations, are essential to achieving the objectives of the Istanbul Convention. Ratification alone is not enough. Financial resources must then follow so that those intervening locally, closest to the victims, are able to provide the care they are entitled to receive when faced with gender-based violence.

 

Violaine Lucas, in Paris, March 12, 2025

Translation by Amira Aloui and Salma Bouraoui, 27 mai 2025